Une randonneuse vous parle de son Dodécaudax

Bonjour les amis

Ce matin, mon patron m’a sortie du lit dès potron-minet (eh oui, il n’y a pas que les humains qui ont du vocabulaire). Je me doutais un peu qu’il allait me sortir car, hier soir, il m’avait équipée, préparée, bichonnée mais, 5h 30, il exagère !

Dès 5h45, c’est le départ sous une Lune pleine qu’aide mon éclairage performant. C’est bien ainsi car je risque moins de me retrouver dans le fossé, de heurter un ANI (Animal Non Identifié) ou d’être la victime d’un TPV (Trou Pas Vu).

Un départ classique par la plaine nous permet, mon guide et moi, de bien nous échauffer. Nous traversons Plaisance endormie et arrivons à Marciac au lever du jour. Mon maître fait un bref arrêt au guichet automatique d’une banque, je pense qu’il a oublié son argent pour se payer son petit déjeuner.

Nous repartons toujours par la plaine et passons à Tillac. Je commence à m’ennuyer car mon allure est un peu monotone. Heureusement, j’aperçois en haut sur la gauche Miélan. Enfin, il va falloir grimper et je vais pouvoir me réchauffer plateaux et pignons. Un arrêt au stop et voilà que je peux me dégourdir les rayons en montant la côte de Miélan. Nouvel arrêt devant l’école et le collège, je ne sais pas pourquoi mais mon pilote est attiré par ces monuments. Mon pauvre cyclotouriste a un petit creux donc il grignote et je l’attends patiemment car je sais qu’il vaut mieux ne pas le déranger lorsqu’il mange.

Allez, ça repart, direction Trie. La route est agréable et ne me secoue pas trop. Mon chauffeur adopte une conduite souple et je l’entends même siffloter. Pourvu qu’il ne se mette pas à chanter. Je ne comprends pas trop, nous entrons dans le 65, revenons dans le 32 puis retournons dans le 65 ! J’espère que mon guide n’a pas perdu le nord, surtout que nous apercevons les Pyrénées en face. Tout s’arrange, j’aperçois le panneau « Trie ».

On entre dans le village. On s’arrête encore. Mon pilote va-t-il faire son marché ? Eh oui, le mardi c’est jour de marché à Trie (admirez la rime). Mais non, pas de marché, c’est un arrêt devant la boulangerie- pâtisserie ! C’est pas possible, il a encore faim. Il m’abandonne devant la porte et j’attends. Le voilà qui ressort la moustache souriante, il a dû bien manger, le bougre, pendant que je me refroidissais.

Enfin, nous reprenons la route vers Puydarrieux. Très vite, la route monte, mes pignons chauffent mais mon grand plateau se repose. Arrivée au village, je suis agressée par une attaque de gravillons et d’herbes projetés par le débroussailleur du cantonnier local. Comme ça descend, je fuis prestement. Au bas de la descente, direction la Maison de la Nature. Là, mon maître m’installe délicatement et confortablement contre un panneau, il peut parfois être aimable et prévoyant. Je le vois disparaître vers l’accueil. Il revient tout content, ses repérages pour une prochaine sortie-club ont dû être positifs. Tiens, au passage, en parlant de positif, je tiens à signaler que les deux bidons sont remplis à partir d’un mélange audacieux d’eau et de sirop de menthe ou grenadine qui met mon maître à l’aise lors des contrôles.

Bon, trêve de bavardages, il ne faudrait pas que je devienne comme mon compagnon. Nous repartons par un tour de lac et revenons à Puydarrieux. Là, il faut bien remonter ce que nous avons descendu. Alerte, j’aperçois l’employé municipal armé de son terrible engin ! Miracle, il stoppe son outil ! Nous le croisons sans encombres et continuons notre route vers Villembitz.

J’ai l’impression que nous tournons un peu en rond puisque mes belles roues empruntent plusieurs fois le même chemin une fois dans un sens, une fois dans l’autre. Eh oui, mon explorateur n’est pas encore au point dans l’utilisation du GPS. Finalement, nous retrouvons notre route et je sens à sa pédalée que mon driver est soulagé.

Nous stoppons à un carrefour et là j’entends un « Au diable le GPS ! » que je connais bien. Je crois que la journée n’est pas finie. Nous allons rouler en mode autonomie. Deux belles côtes inconnues mais au revêtement de rêve nous amènent au bas de Pouyastruc. Moi, ça va mais mon maître a pris chaud et il s’arrête donc à l’épicerie locale pour s’abreuver, pardon, se désaltérer. J’en profite pour me reposer, bien garée à l’ombre car mes pneus commencent à rougir.

Nouveau départ, cette fois vers Tarbes. Un redémarrage paisible, à un rythme de cyclotouriste, permet à mes pièces de se remettre en route sans risques. Tiens, ça monte encore, mais là je suis en pays de connaissance : les côtes de Laslades et Sarrouilles ont déjà été à mon menu. Je me souviens avoir eu du mal à me hisser à leur sommet lors de quelques BRM bien plus longs que le 200 d’aujourd’hui.

Attention, nous entrons dans Séméac. Mes ennemis à quatre roues commencent à me frôler d’un peu près à mon goût, à croire que je les gêne ! Je ne prends pourtant pas beaucoup de place. Pourvu que l’une d’entre elles n’ait pas l’idée de nous klaxonner ou de trop nous serrer car cela peut énerver mon pilote. Il faut dire qu’en ville, il me conduit toujours lentement et prudemment, je ne sais pas s’il prend soin de moi, de lui, de nous deux sans doute.

Attention, midi sonne. C’est l’heure sacrée de la halte réparatrice. Mie Câline ou Délices du Fournil ? C’est le dernier qui a l’honneur de ma visite. Mon randonneur m’installe à côté de lui. Il sait bien que sans moi, il serait perdu. J’attaque ma sieste et lui son repas.

Déjà le réveil, ça n’a pas traîné. Nous repartons pour 80km, j’ai lu, à midi, que mon compteur indiquait 120 (toute bonne randonneuse doit savoir calculer sans utiliser ses rayons bien sûr). D’après mes souvenirs, la route devrait être assez plate. Pour atteindre les 80 au retour, il va falloir faire quelques détours (eh oui, ça rime encore !). On va bien voir mais mon sacré conducteur doit avoir un plan en tête. Nous prenons la direction de Tostoat. Il me semble que mon passager est plus lourd, le repas sans doute, quoique cette année je croie qu’il a pris quelques rondeurs : la soixante est là. Nous passons dans Bazillac puis traversons la grande route Tarbes-Rabastens. Mais où va-t-il encore me mener ? Voilà une côte, ça y est, mon petit pignon sert enfin à quelque chose : cela veut dire mon maître est passé en mode économie d’énergie. Le coquin se connaît bien et sait comment durer. Nous voilà à Lacassagne ! Mais l’on se met à tourner en rond autour du foyer. Le GPS fait-il de nouveau des siennes ? Mon guide a -t -il  perdu sa lucidité ?… Rien de tout cela, il cherchait un robinet. Le plein des bidons, l’arrosage du cycliste et du bandana sont faits. Il se remet en selle. Mais que se passe-t-il ? Pleut – il ? Mais non, c’est l’autre qui me dégouline dessus. Bon passons, ça me rafraîchit.

Nous randonnons par Sénac et sa célèbre côte, l’Abbaye de St Sever de Rustan, Montégut et sa fameuse digue, Villecomtal et sa fontaine (arrêt fraîcheur et goûter : il faut nourrir et abreuver la bête), avant de déboucher en bas d’Auriebat. Là, mon explorateur s’arrête et se met à cogiter. Je le surprends à compter sur ses doigts, la fatigue sûrement.

Résultat, nous tournons à droite vers Maubourguet où mon ami fait quelques courses. Puis retour par Labatut et ses ralentisseurs, j’ai horreur de ça. Se faire secouer après 190 km de bons et loyaux services n’est vraiment pas agréable ! Un jour, il va falloir que je l’explique à mon chauffard. Enfin, n’écoutant que mon courage et oubliant ce désagrément, je consens à raccompagner mon maître à bon port après un dernier détour par Galiax et Tasque pour avoir 200 km bien pesés au compteur.

Au total, une randonnée mensuelle de 200 de plus, par un temps parfait, sur des routes convenables, sans aucun incident mécanique. J’espère que mon maître sera satisfait et j’attends donc de sa part un bon lavage-nettoyage-graissage dans les jours à venir.

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Ne suis – je pas une belle plante? Mon pilote est timide, vous ne le verrez donc pas.
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De face, n’ai-je pas l’air encore plus élégante?