Dodécaudax avril 2021
Les premières lueurs du jour n’apparaissent que peu après mon départ. Vers 7 h, je suis aux environs de Maubourguet lorsque j’aperçois le soleil se lever. La campagne est calme mais j’ai aperçu déjà un agriculteur matinal qui semait dans un champ à Tieste. Je pense savoir de qui il s’agit et je ne suis pas étonné. Si c’est bien lui, il a été mon élève à l’école de Jû-Belloc dès ma première année d’enseignement dans ce village. Il était déjà un élève sérieux et consciencieux! Près de Ségalas, j’aperçois la chaîne des Pyrénées et je m’arrête donc pour prendre une photographie. Je fais confiance à mes amis randonneurs du 65 pour identifier les divers pics.
Je traverse Rabastens sans rencontrer le moindre problème d’encombrement. A Villecomtal, je suis sujet à un mirage.
Heureusement, mon premier arrêt-café dans une pâtisserie locale me permet de reprendre mes esprits et de réaliser qu’il ne s’agissait que d’une fresque murale!
La partie entre Villecomtal et le bas de Miélan est certes bien asphaltée mais elle est un peu vallonnée. D’ailleurs le dérailleur de ma randonneuse supporte mal la deuxième montée et cela me vaut mon premier incident mécanique de la journée. Heureusement, je trouve vite la solution à ce saut de chaîne intempestif. En bas de Miélan, j’attaque une grande partie plane qui va m’amener jusqu’à Aire sur Adour. Je fais simplement un arrêt-bidon à Marciac et un ravitaillement à côté de la cave de l’Union Plaimont à Plaisance. A 11h 45 , me voilà à Aire sur Adour. Je décide de prendre mon déjeuner tiré des sacoches sur les rives de l’Adour. Je m’installe confortablement sur un banc mais n’arrive pas à résister à l’appel des frites de la baraque voisine. Une bonne barquette complétera donc le menu prévu. Je mange tranquillement, fait le plein de mes bidons et termine par un café.
Vers 12h30, je redémarre. Le menu de l’après-midi sera certes un peu plus court mais s’annonce plus pentu donc plus indigeste. Un peu de plat puis j’attaque la côte de Viella qui est fermée à la circulation mais à vélo je me dis que cela devrait aller. Je passerai dans les champs si nécessaire. La chaussée est bien “défoncée” mais je réussis à passer en logeant le bas-côté. J’atteins le haut de la côte à 13h 45 après un nouveau saut de chaîne. Je fais un peu de toboggan jusqu’à Madiran puis je grimpe tranquillement la montée vers Soublecause. La descente me permet d’atteindre ma vitesse maximale de la journée. En bas, je bifurque à droite vers Lascazères puis Vidouze. Là, je suis victime d’une nouvelle illumination.
Je grimpe vers Lahitte-Toupière lorsque je suis victime d’un nouvel incident. Cette fois, c’est plus long. La chaîne est allée se bloquer entre le grand pignon et la roue et elle ne veut pas en sortir. J’emploie donc les grands moyens: retournement du vélo et tentative d’extraire la roue arrière. Après quelques échecs, je réussis l’opération sans anesthésie. Je repars calmement en ménageant ma monture. Certes j’ai perdu du temps et cela ne va pas arranger la moyenne horaire mais l’essentiel est de pouvoir rouler de nouveau et de rentrer avant les 19h du couvre-feu.
A Maubourguet, j’effectue une pause un peu longue: lavage de mes mains sales de mécanicien, plein des bidons et achat d’un café-croissant.
Je repars pour l’ultime morceau. Mon bidon d’énergie est un peu vide, comme dit mon petit-fils Tommy et mon allure s’en ressent. Je passe la côte d’Auriébat sans problèmes et me dirige vers Plaisance. J’arrive dans mon village natal vers 17h 15. Il me faut plus que je traîne en route pour rentrer avant le couvre-feu. Donc, j’augmente la cadence et arrive à Riscle. Là, je me retrouve avec le vent de face. C’est dur après 190 km, j’aurai préféré qu’il attende un peu pour se lever celui-ci.
Finalement, à 18h45, j’entre dans la cour de ma demeure des Rouges où je reçois un accueil chaleureux de la part de ma famille.
Bilan : une journée fort agréable même si 200 km en ce moment c’est encore plus long. De retour à la maison, j’ai eu , en plus, du plaisir de retrouver ma femme et ma dernière fille , j’ai eu la joie d’être accueilli par Tom et Noa mes petits-enfants de Jû qui sont restés dormir chez Papimamie.
J’ai eu le temps de regarder les divers paysages et les travaux des agriculteurs. Ces derniers s’occupaient de leur maïs : certains le semaient, d’autres l’arrosaient pour qu’il naisse et les plus audacieux l’écoutaient pousser. Les viticulteurs soignaient les vignes blessées par les dernières gelées. Je ne sais pas s’ils arriveront à avoir du raisin, c’est bien ennuyeux pour eux. Les consommateurs de vin s’en accommoderont , ils boiront des vieux crus . Il se trouve que les vins sont comme les humains, plus ils sont vieux , plus il faut prendre soin d’eux et savoir les déguster. Les éleveurs commencent à faire les foins et ont mis leurs vaches dans les prairies. Il y a vraiment du travail pour tous. Courage à eux !