Dodécaudax Juillet 2020

Dodécaudax Juillet dédié à Ezra mon nouveau petit-fils

A Ezra

     Je pars à 6h30, l’heure d’une de tes tétées du matin. Le jour pointe à peine. Dès le départ, ma pédalée est bonne et légère , sûrement l’effet de ton arrivée. Je pars en direction des Pyrénées. Je pédale dans la plaine vers Larreule. Là , une erreur de navigation me contraint à quelques kilomètres de plus. Figure-toi, que je devais passer devant la maison natale de ta tatie Carole mais j’ai oublié de tourner à droite ( je sais JM du Moulin, rien d’étonnant à cela). dans son village. “Ce n’est pas grave” comme dirait ton gentil cousin Tommy! J’attaque comme prévu la première côte , celle de Monsegur. Il me semble entendre tes cris d’encouragement , cela m’aide si bien que je suis déjà en haut sans avoir passé le triple. Je prends à droite ( tu vois JMC , cela arrive!) vers Lahitte Toupière. Sur cette belle crête légèrement descendante, je n’hésite pas à passer le “plaque” et j’ai l’impression de voler. Oui, tu verras certains disent que parfois je “m’emballe”. Une rapide descente et je déboule en silence devant chez l’Aigle de Sombrun qui dort encore. Je me lance ensuite vers Hères au milieu des mais . Je repousse habilement quelques sournoises attaques d’arrosage et je file vers Mazères puis la route des chameaux. Je te les ferai voir quand tu seras plus grand. J’aperçois , en face, un petit peloton vêtu de rouge. Surprise, lorsque je croise ces énergumènes , il s’agit d’un groupe de 4 Mousquetaires plaisantins qui ont oublié que notre couleur de club c’est le “jaune et noir”. Je les salue mais ne m’arrête pas. Est-ce le fait de l’émotion? du maintien de la moyenne? du besoin présent d’un café? de la Covid, je te laisse , mon petit, le soin de deviner. Un petit passage devant le lac de Préchac et j’arrive chez nous aux Rouges. Il est vrai que tu ne connais pas encore trop notre maison. Oui je dis “notre” car tu pourras toujours venir avec ou sans tes parents, tu es chez nous comme chez toi. Tu verras Tom te fera faire son circuit touristique incluant les écluses, la station de pompage, le poulailler de Nanou Danielle, les moutons de Nico, le labyrinthe de Tatie Sylvie…Ma première boucle est finie, 60 km de faits en comptant le fameux détour.

    C’est l’heure du café. Je le prends en compagnie de ton adorable Mamie. Elle est d’accord pour m’accompagner pour ma deuxième boucle. Ça j’aime! Nous prenons la direction Cahuzac. Nous attaquons par du plat puis la petite côte de Léon et celle de Ballembitz. Là , nous quittons le parcours prévu pour aller chercher la côte des Charmettes qui nous paraît moins ardue que celle qui mène directement à Viella. Retiens bien que “Celui qui veut aller loin ménage sa monture”. Nous grimpons donc vers ce village à un train qui nous permet amplement d’observer les vignobles alentours et d’économiser nos vieilles jambes. Nous arrivons au sommet, traversons le centre-ville puis fonçons, avec la prudence indispensable, dans la descente. Nous prenons avec plaisir la pente descendante vers Aire sur l’Adour. La route est bonne, le ciel clément, le mais semence abondant. Nous apercevons d’ailleurs quelques “castreurs” au travail. Note bien Ezra que ton papi t’évite le couplet d’ancien combattant “ De mon temps, …), Près d’Aire, nous bifurquons vers le pont de Barcelonne. C’est l’heure du ravitaillement, papi en profite pour prendre du pain frais pour midi. Nous prenons le temps de bien manger bien lentement. J’espère que tu têtes régulièrement mais n’oublie pas que ta maman Lisou a besoin de récupérer. Ne t’en fais pas , je la connais , tu seras bien nourri sous les yeux émerveillés de papa Evan qui veille sur vous. Bon, nous repartons tranquillement sans violence , tout en douceur. Un petit passage près de Gée-Rivière, à St Germé, à Tarsac puis arrive Riscle. Nous constatons le long du trajet que le paysage est plus varié qu’il y a peu de temps. Le mais laisse de la place pour les beaux tournesols jaunes, du soja et même du sorgho. Il est midi bien passé lorsque nous arrivons à Riscle. Nous prenons donc vers le bas de Termes d’Armagnac puis nous rentrons aux Rouges. C’est l’heure du déjeuner. Ce sera un repas à base de pâtes afin de reconstituer des réserves. N’oublie jamais Ezra que la pause repas est sacré, il s’agit surtout de ne pas l’oublier et elle doit rester un moment de plaisir. Après un bon café accompagné de carrés de chocolat qui aident contre le stress, je repars. Mamie reste sagement à la maison, elle a besoin de repos.

   L’après-midi sera moins longue puisque j’ai parcouru déjà environ 120 km ce matin mais elle s’annonce chaude. Pour lutter contre le déshydratation, toi , tu dois téter souvent ( d’après ta maman tu t’en charges). Moi, il faut que je boive régulièrement: toutes les 15 minutes, 3 ou 4 gorgées voire plus. Je prends la direction de Termes d’Armagnac et arrive au pied de sa célèbre côte. Le redémarrage est délicat, les cuisses tirent un peu mais j’arrive au sommet. Voilà, j’ai pris de la hauteur. Je roule tranquillement sur la route-toboggan: Sarragachies, Saint Griède, Lanne-Soubiran, Magnan, Laujuzan. J’ai la surprise de traverser la D 931 en même temps qu’un superbe sanglier surgit d’une vigne voisine. Après Laujuzan, je descends vers Panjas mais je prends à droite vers Caupenne d’Armagnac où je me ravitaille. Je passe à Nogaro, je longe le lycée qui a accueilli un bon nombre de Forment sur deux générations. Tous bien sûr aussi sérieux que travailleurs! Je ne pense pas qu’un jour tu y sois élève à ton tour mais certains de tes cousins ou cousines sûrement. Je grimpe jusqu’à Urgosse, ça monte mais c’est roulant. La côte vers Termes s’avère plus difficile. Il faut parfois savoir se faire mal. Attention, mon adorable Ezra , cela n’est pas obligatoire mais ton papi Coco perd , parfois, la raison. Je récupère dans la descente et sur la plaine vers Izotges et Tasque. Dans ce splendide village que je te ferai visiter bientôt, je fais un arrêt boisson et je refais les niveaux. J’en profite pour faire le point ( 60 + 60 + 50 = 170). Il reste donc trente km à faire pour atteindre la barre des 200.

Je pars donc pour la dernière boucle après avoir décidé de la modifier un peu. Ce n’est plus la peine qu’elle fasse 60 km , une bonne moitié suffira. Je ne respecterai donc que le début du tracé jusqu’en haut de Beaumarchès. Je m’élance dans la plaine vers Beaumarchès. Le revêtement parfait me permet de maintenir un rythme convenable. J’escalade la montée de Beaumarchès en n’oubliant pas de mettre petit. Je sais, cher petit-fils, que cela n’est guère chevaleresque mais l’essentiel à mon âge est de ne pas revenir épuisé à la maison. Je me dois de te donner l’exemple de la sagesse. Après Beaumarchès, je décide de faire confiance à mon inspiration et à mon compteur kilométrique. Je roule tranquillement dans le coin en évitant les difficultés. Allez mon compteur indique plus de 200 km , donc je rentre. J’arrive aux Rouges avec 207 km dans les jambes et ailleurs.

Bilan : une douzaine d’heures sur le vélo sans problèmes ni mécanique ni physique , une arrivée bien avant les délais d’un BRM 200, des paysages connus mais toujours aussi agréables, une 2 ème boucle en bonne compagnie. Ezra, ton grand-père maternel a encore quelques bons restes. C’est avec joie que je pourrai te promener dans le majestueux quartier des Rouges. En attendant, je t’envoie une volée de bisous et embrasse tes parents de ma part.