Eh oui , aujourd’hui, c’est moi la randonneuse folle que prend la parole. Mon maître est trop fatigué.
Grâce à mon ami Jean-Pierre , j’ai enfin pu dormir tranquille avant d’attaquer un BRM. J’ai en effet passé ma nuit ( certes courte) à l’abri bien au chaud dans la Maison de la nature de Pierrefitte. C’était la première fois que je dormais avec un vélo-couché et j’étais un peu inquiet des réactions de cet étrange engin. Il ne s’est rien passé.
Bien sûr, j’ai été réveillé vers 3h45 par le remue – ménage des cyclo-randonneurs venant retirer leur carte de route et bien sûr prendre un café et quelques gâteaux.
Dès 4h30, je commence ma journée. Mon maître adopte une allure adaptée à la configuration de la voie verte ( attention aux bites de signalisation).
A Lourdes, miracle, nous récupérons Robert Joseph un cyclo qui accompagne souvent mon patron. Aussitôt, notre peloton se disloque. Mon guide choisit de prendre la roue de l’organisateur, il pense que c’est le meilleur moyen de ne pas faire d’erreurs en début de parcours.
Malheureusement, ce groupe démarre un peu vite pour lui et il préfère se laisser glisser et attendre tranquillement le grupetto. Cette idée me semble excellente car je n’aime pas que l’on me brusque de bonne heure. Que se passe-t-il ? Il me semble bien que mon pilote me fait tourner en rond. Je lis Bénéjacq dans tous les sens ,cela n’est pas bon. Mais où est donc la D212 ? Cela sent la première erreur de parcours. Mon conducteur réfléchit et choisit d’attendre le fameux grupetto. Donc nous patientons. Hélas, personne n’arrive ! Enfin, mes pédales se remettent à tourner lentement. Je lis « Déviation » puis ça tourne vers Bordères. Je repars à plein régime vers le premier ravitaillement d’ARZACQ-ARRAZIGUET.
Là, j’ai droit à un bon arrêt . Mon maître part à la recherche de son premier tampon pour décorer son carnet de route, de son petit déjeuner et surtout de collègues.
On repart seul. Je pense que je suis à la queue. Je vais donc faire les 210 derniers kilomètres en tête à selle avec mon maître.
Un peu de saute-collines et nous voilà à AIRE SUR ADOUR. Coco mon pédaleur me peut pas passer dans ce village sans faire un peu d’eau et prendre un café-crêpe au sucre. J’en profite pour récupérer et me faire belle avant de revenir dans mon Gers.
Le temps s’éclaircit, nous passons non loin du vélodrome puis nous voilà dans le Gers. Midi sonne, je sens que l’arrêt repas ne va pas tarder.
J’en étais sûre ! 12H45 : pause repas à Estang. Je me repose près de l’eau face au stade de foot. Tout va bien, il fait beau mais pas chaud et mon Claude a trouvé un banc à l’ombre.
La pause est finie, je repars vers Eauze. Le redémarrage se fait en douceur. Il nous reste encore 150 km environ et « Qui veut aller loin ménage sa monture ! » est un dicton qu’applique à la lettre mon gentil partenaire.
Eauze, recherche du fameux tampon et on repart vers VIC-FEZENSAC. AÏE ! Ce n’est pas aussi plat que prévu, mon triple commence à chauffer.
A Vic, arrêt boisson et remplissage des bidons. Arrêt très rapide, je pense que nous ne sommes pas en avance.
La fameuse « plaine » de Callian se termine par la côte de Bassoues. Il fait chaud, je sens que les jambes de mon coureur commence à faiblir et son fessier à chauffer. Mon petit triple nous permet de nous hisser jusqu’au pied du donjon. Bien sûr, la soif oblige mon cyclo a un arrêt Coca dans un de ses bars préférés.
Direction Marciac, mon pédalier tourne rond mais sa vitesse de rotation diminue, je pense que la fatigue se fait sentir.
Marciac, contrôle obligatoire ! Donc arrêt indispensable ! Triologie du randonneur au long cours : tampon, achat repas du soir, remplissage bidons ( pâtisserie non obligatoire).
Allez un dernier effort et direction l’arrivée. Tout va bien malgré un retard sur le road-book prévisionnel . Dans la plaine , ça roule lentement mais sûrement. Le Soleil baisse, notre vitesse aussi. La côte après Saint-Lézer vers Tarasteix et Oroix entraîne une chute hallucinante de mon compteur. Il se fait tard et je suis surpris que mon pédaleur oublie l’arrêt repas, c’est bizarre. La nuit arrive, j’aperçois en contre-bas les éclairages de PONTACQ. Je déboule vers ce village.Là, il se jette sur une chaise du bar du Centre. C’est la fringale qui frappe à la porte . L’arrêt sera aussi long qu’imprévu ! Moi, je vais bien mais mon Claude a besoin de récupérer. Il nous reste 32 km , ils vont être longs.
Nous repartons enfin, je dis nous car nous ne faisons plus qu’un. Solidarité avant tout. Lourdes, la voie verte et voilà Pierrefitte-Nestalas. OUFFFF ! Il est 0h18 ! Dans les délais impartis ! Tout va bien. Je crois que mon maître ne va pas avoir de mal à dormir. Il retrouve ses amis Jean du vélo-couché et Jean- Pierre l’organisateur-traceur- hébergeur et un membre des Cyclos Toys qui l’ont gentiment et patiemment attendu.
Au bilan, j’ai parfaitement assumé ma mission: arrivée avant la fin des délais sans aucune crevaison et aucun saut de chaîne. Mon pilote est arrivé dans les délais, de peu certes, mais très fier d’avoir dépassé son maître Robert Joseph dans l’application de cette pensée profonde « Les délais sont faits pour être utilisés au maximum « . De toute façon, il était moralement obligé de suivre les recommandations de son Président et néanmoins ami Jean-Michel Seigneur du Moulin: « Pas trop vite avant le lever du jour car on n’y voit pas trop, doucement après l’apparition du soleil , tu risques d’être ébloui, modérément pendant les fortes chaleurs et tu ralentis sur la fin pour éviter d’arriver trop avant les délais. Et bien sûr tu n’oublies pas les pauses café et pains aux raisins ou pains au choc… oh pardon, CHOCOLATINES. »
D’ailleurs avec mon Claude, nous dédions ce 300 bien lent au papa de Jean-Michel qui nous a quittés dernièrement et nous souhaitons bon courage à toute sa famille.